Scène de vie d'un samedi, quelque part en centre ville.
J'allais m'enquérir de
ma lecture du week-end, et en marchant tranquillement, je vois une voiture
garée,
posée,
stationnée, larguée comme une bouse à moitié sur la route, à moitié sur le trottoir, à moitié sur la piste cyclable. Bon, je sais, cela fait trois moitiés, mais c'était une grande voiture. Et alors même que je la croise, blasée mais même pas plus que cela (l'habitude...), et surtout beaucoup moins énervée que la longue file klaxonnante derrière ladite voiture, une femme en sort en trombe et me saute dessus en me disant d'autorité, sans bonjour, ni merci, ni rien : "Vous ne pouvez pas surveiller ma voiture, je dois aller chercher une dame." Et moi de lui répondre : "Mais bien sûr ... que non !" Et là , outrée jusqu'au sang, elle se met à hurler : "Mais vous ne comprenez rien, je dois aller la chercher, je ne peux pas conduire, moi !" Ce à quoi je n'ai pu que réponre simplement : "Le Code de la Route est aussi valable pour vous." Et de lui montrer de la main trois places plus loin, une place de taxi inutilisée et cinq places plus loin, une place de parking, une vraie, libre et de plus gratuite. Si sa voiture avait pu attérir là , elle pouvait bien attérir cinq places de stationnement plus loin, non ?
Mais que pensait-elle, au juste ? Qu'il était normal qu'elle se considère comme au-dessus de la mêlée, que sa sainte voiture soit posée selon son bon plaisir et que la première personne qui passe la bichonne et surveille une éventuelle arrivée des flics ?
C'est étrange et pas nécessairement en rapport, mais cela m'a rappelé ce paradoxe entre l'histoire
habituelle d'un homme bourré comme un coing qui rentre de boîte, percute et tue net trois jeunes en roulant à toute bombe et à que l'on va gentiment condamner à de la prison avec surcis (et encore) en levant les yeux aux ciel 'ah la la, les ravages le l'alcool, c'est bien triste, j'vous jure, ma brave dame' et ce petit footeux crétin qui, ayant balancé un fumigène qui n'a touché personne, a été arrêté, jugé en comparution immédiate et a pris six mois fermes.
Et par ricochet, cela m'a rappelé le cri du coeur de cette femme désespérée au journal télévisé il y a quelques années, qui venait de voir son mari mourir, fauché par une voiture lancée à pleine vitesse par un conducteur ordinaire qui avait tous les droits, puisque, comme l'écrasante majorité des conducteurs, il avait laissé à la consigne son cerveau et son humilité en échange de ses clés de véhicule. Cette femme a simplement déclaré : "Je m'adresse à tous les assassins, à tous les meurtriers. Si vous voulez échapper à la justice, n'achetez pas d'armes à feu, prenez simplement votre bagnole et le tour est joué."
Et pendant ce temps là , les gouvernements successifs se donnent bonne conscience avec des glissements linguistiques ridicules et des campagnes de publicités toujours plus inutiles.
Et pendant ce temps là , quelques candidats draguent les bas fonds de l'électorat en parlant d'amnistie potentielle des amendes...