L'avantage du biberon nocturne, c'est qu'il me permet de découvrir la télévision, et pire encore, la télévision la nuit ! J'ai ainsi pu prendre conscience d'un énième changement dans le monde
de la musique du spectacle des célébrités de la thune.
Avant, un producteur, dans les grandes lignes, c'était souvent soit l'homme à tête de vampire qui mettait négligemment sa main sur le haut de la cuisse de la donzelle : "Alors... Comme cela vous voulez faire de la musique / du cinéma ?", soit le fumeur de barreaux de chaises qui donnait son accord tacite : "C'est simple, vous pouvez faire tout ce que vous voulez du moment que vous changez tout et faites comme je le dis."
Il semblerait que les choses changent. Non qu'elles s'améliorent, n'exagérons rien, ni même qu'elles empirent (
encore que...), mais bon, on connaît la chanson, celle-là gratuite, du
o tempora, o mores.
Aujourd'hui, n'importe quel rappeur au son aussi inepte que sa propension au bling-bling pique les yeux peut s'ériger producteur et ainsi financer ce que bon lui semble, pourquoi pas. Mais on frôle le sublimement absurde quand ce même producteur en profite pour s'immiscer au rang de superstar unique du projet. Et l'interprète de passer au second plan, au rang d'accessoire, de chaîne en or qui brille autour du cou lucratif du producteur, comme le groupe
One Republic qui braille sa meule quelconque sur toutes les chaînes de clips prémâchés, et probablement sur toutes les radios formatées label "jeune", mais qui n'est même pas crédité. En effet, ce morceau est attribué Ã
Timbaland, qui jusqu'à peu était inconnu de mon univers et le sera à nouveau pas plus tard que demain, producteur à la chaîne pour format FM,
criminal serial producer ès daubes, qui en plus d'avoir mis son nom en bas du contrat, apparaît dans le clip. Attention, scénario démentiel : c'est l'histoire d'un groupe au charisme inexistant qui chante en playback sa chanson molle dans un studio d'enregistrement en y croyant à mort tellement c'est intense, avec de l'autre côté de l'aquarium, devant la table de mixage, le producteur a l'air autosatisfait qui fait des
yeah yeah, touche un bouton çà et là et lève le bras pour pousser le ciel en hochant du menton tant il est fier de ses pouliches braillasses et surtout de son propre talent de producteur. Après tout, c'est lui qui a eu l'idée de rajouter des
boum poum tchak et d'enregistrer ses grognement onomatopées de rappeur pour sublimer la chose, comme autant de croûtons en carton dans de la soupe en poudre. C'est donc lui le "génie", les interprètes ne sont que des fioritures, des décorations. Les créditer ? Non mais et puis quoi encore ? Pourquoi pas créditer les guitares et les ampoules qui éclairent le studio ?
Décidément, le monde du show business, c'est un peu le rêve. Si on vit dans un monde parallèle de masochisme financier et de soumission absolue.
Heureusement qu'à côté de ces dérives, il y a des gens pour nous rappeler ce qu'est le rock, le vrai !
Si vous croisez Eddy Mitchell, merci de transmettre le message...